R.D. Piovezan, J. Abucham, R.V. Dos Santos, M.T. Mello, S. Tufik, D. Poyares
Ageing Res Rev. 2015;23(Pt B):210-20
La sarcopénie est une pathologie gériatrique qui comprend la diminution de la masse, de la force et de la fonction musculosquelettiques, entraînant le risque de diverses conséquences néfastes, dont le décès. Sa pathophysiologie implique les facteurs neuroendocriniens et inflammatoires, les mauvaises habitudes alimentaires et la manque d’activité physique. Le sommeil peut jouer un rôle dans le métabolisme des protéines musculaires, même si cette hypothèse n’a pas été étudiée en détail. Avec l’âge, les diminutions de la durée et de la qualité du sommeil et les hausses dans la prévalence des troubles du rythme circadien et du sommeil favorisent la protéolyse, modifient la composition de l’organisme et augmentent le risque de résistance à l’insuline, des phénomènes qui ont tous été associés à la sarcopénie. Les données sur les effets de la diminution du sommeil lent profond, des perturbations du rythme circadien et de l’apnée obstructive du sommeil (AOS) liés à l’âge sur les axes hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), hypothalamo-hypophyso-gonadique (HHG) et somatotrope, et sur le métabolisme du glucose indiquent que les interventions visant à lutter contre les troubles du sommeil peuvent agir sur la perte musculaire.
Des recherches récentes associant AOS au risque de pathologies étroitement liées au processus de la sarcopénie, comme la fragilité et la détérioration de la qualité du sommeil, suggèrent indirectement que le sommeil peut influencer le déclin musculosquelettique chez les personnes âgées. Plusieurs voies de synthèse et de dégradation protéiques sont induites par l’hormone de croissance (GH), le facteur de croissance analogue à l’insuline de type 1 (IGF-1), la testostérone, le cortisol et l’insuline, qui agissent aux niveaux cellulaire et moléculaire pour accroître ou restaurer la fibre, la force et la fonction musculaires. Les problèmes de sommeil liés à l’âge interfèrent potentiellement au niveau intracellulaire en inhibant les cascades d’hormones anabolisantes et en renforçant les voies cataboliques dans le muscle squelettique.




Commentaire: Des exercices physiques spécifiques combinés ou non à des recommandations nutritionnelles sont les options actuelles de traitement de la sarcopénie. Des études cliniques analysant l’administration exogène d’hormones anabolisantes n’ont pas abouti à des profils d’innocuité adéquats. Les approches thérapeutiques ciblant les perturbations du sommeil dans le but de normaliser les rythmes circadiens et l’homéostasie du sommeil peuvent constituer une nouvelle stratégie de préservation ou de restauration de la santé musculaire chez les personnes âgées. Des résultats de recherche prometteurs concernant les liens entre les variables du sommeil et les biomarqueurs et paramètres cliniques de la sarcopénie devront confirmer cette hypothèse.